Je vis dans un monde de plus en plus étrange
dont la violente folie m’échappe
et les soucis lentement me mangent
à moins qu’ils ne m’écharpent
Des chats rassasiés de boîtes tuent toujours des proies dans les prés
des humains affamés meurent de solitude dans des villes surpeuplées
des jeunes attardés se battent pour des billets ou de l’avancement
les ronces et les frênes coupés repoussent chaque année obstinément
et chacun râle abondamment sur les choses qui vont de mal en pis
sans rien faire d’autre qu’alimenter le sein empoisonné qui les nourrit
Je navigue à vue dans un monde statique,
déréglé et aveugle, il tâtonne dans le noir
pour échapper à la mort au bout du couloir
un monde qui noie les cerveaux éthyliques
où personne n’est à l’abri de rien
où des bestioles minuscules vous tuent pour rien
Un monde débordant de fous
où tout le monde ment sur tout
par intérêt ou pour fixer quelques souffrances
où les vraies camisoles sont invisibles
et où les délires se tapent sur ordonnances
Et le pire dans ce triste univers
c’est que tout le monde me regarde de travers
l’air surpris et inquiet,
comme si j’étais folle !