Par un lourd après-midi d’été, les deux chattes sont étalées dans l’herbe, le ventre offert et leurs pattes en velours. Elles ont l’air satisfaites et leurs yeux appellent la caresse de leur fourrure soyeuse. Leurs doux museaux frémissent entre les herbes folles et les pâquerettes qui dansent entre deux souffles d’air.
A deux mètres d’elles, je découvre un grand lézard vert avec ses belles couleurs qui luisent au soleil. Il est allongé sur le dos, sa tête essaye de se redresser en me regardant de son œil fixe et sa bouche ouverte semble chercher l’air. Son long corps ondule au ralenti, je remarque alors une éraflure sérieuse sur son flanc. Son buste s’est soulevé, ses pattes attrapent le vide, il a tout d’un enfant qui implore grâce et se demande ce qui lui arrive. Je passe alors mes doigts sous sa tête et le soulève à deux mains pour aller le déposer plus loin, à l’abri j’espère.
Je le regarde sous sa pierre sans savoir quoi faire. Puis je le laisse à Dieu, aux siens, aux lois de l’univers ?
Les chattes n’ont pas bougé d’un poil, il fait trop chaud à présent et elles cherchent l’ombre. Elles se reposent tranquillement au frais afin de prendre des forces pour repartir en chasse à la tombée du soleil. Souris, papillons, libellules... tout y passe.
Et pourtant, le loup peut coucher avec l’agneau et les humains peuvent aimer leurs frères.