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Mars 2004
Màj Janvier 2005
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Une page blanche

Poème écrit pendant l’hivers 2004

Les flocons douillets tombent de plus en plus serrés. Ils enveloppent petit à petit le paysage noir de l’hiver dans un grand drap blanc plissé.
Ils s’infiltrent partout et transforment lentement l’arbre le plus insignifiant en cathédrale fantastique. Un pré ordinaire, avec ses tiges d’herbes desséchées devient un sol lunaire qui ondule selon ses ombres mystérieuses. Les flocons se détachent du ciel comme des milliers de petites étoiles qui tombent au ralenti.

La neige recouvre le monde. Dans sa froide étreinte, elle tente de cacher les misères, les crimes et les montagnes en ruines.
Tous les cris sont amortis, étouffés, les plaintes sont absorbées par le coton neigeux, comme dans une chambre capitonnée. Les êtres se déplacent plus lentement, ils sont obligés d’être attentifs à leur façon de marcher et aux chemins qu’ils empruntent. Leurs pieds s’enfoncent sans savoir à quel moment ils vont toucher le sol.

La neige tombe sans arrêt en tourbillonnant autour de nos têtes. Le ciel est blanc, le sol est blanc, la boue disparaît, nous voilà pris quelques instants dans l’éternité.
Sur cette page blanche arrachée au temps, les êtres peuvent choisir la direction de leurs vies.

Les repères habituels n’existent plus, chacun doit faire sa trace, nos pas disparaissent au fur et à mesure, gommés par le vent et de nouveaux flocons. Les routes se transforment en pistes de luges, les barbelés en guirlandes, les grillages en dentelles, les talus sculptés par les bourrasques forment des vagues étranges, des dunes en surplomb.

Il fait froid, la neige fouette le visage et rougit la peau. Elle oblige à bouger, impossible de rester inactif.
Elle recouvre le monde de son manteau, sa pureté immaculée nous fait oublier les balafres béantes et nous fait basculer dans un autre monde, où le temps s’est arrêté, figé, un bateau pris dans la glace qui doit jeter les amarres sur une croûte instable.

La neige recouvre tout, et le rouge des taches de sang ressort davantage sur le blanc givré qui l’empêche de s’écouler et de se fondre dans le sol.

Plus tard, le soleil reviendra, et ses rayons feront briller les cristaux. La neige repartira rapidement en se transformant en torrents. Evaporée, elle retournera d’où elle est venue.
Après le dégel, la vie reprendra son cours rapide, les êtres verseront le sang ou se tourneront vers l’amour.

Poèmes

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Artiste.Auteur.Réalisateur
Courts métrages d'animation, dessin noir & blanc, dessin sur sable, peinture, BD, écrits...
David Myriam, Artiste, art-engage.net