Quelques infos sur les techniques utilisées, l’engagement, les thèmes abordés, la diffusion, le style, les projets...
A la fin des années 1980, j’ai écris quelques poèmes. J’avais autour de 20 ans, je ne suis pas tombée dans la marmite artistique depuis tout petit. Comme beaucoup de jeunes, j’aimais bien le cinéma et la BD, mais je ne pensais pas du tout m’engager dans cette voie.
Je n’ai fait aucune école d’art, mes études ont porté sur d’autres domaines : sciences, écologie... Je suis donc autodidacte (artiste singulier ?), même chose pour la création de sites web.
Mais c’est plutôt au début des années 1990 que j’ai en quelque sorte découvert ma vocation, je me suis mis petit à petit à faire du dessin et de la BD, et du cinéma d’animation à partir de 1994, tout en continuant à écrire.
Né en 1969, nationalité française (il en faut une, on ne peut être sans pays), pas mariée, pas fait le service militaire.
C’est un artiste militant qui porte un regard critique sur le monde, qui veut dire des choses, dont l’œuvre est imprégnée, consciemment ou pas, d’une certaine vision politique. Ca s’oppose aux créations-marchandises qui visent à distraire avec des futilités superficielles, à abêtir, domestiquer et abaisser les artistes et le public, à produire une culture servant à distraire et à se substituer à toute forme d’engagement.
Après, il peut exister des œuvres artistiques tout à fait valables, qui parlent de la beauté du monde, de son mystère, qui veulent faire rire et rêver, mais ce ne sont pas des créations engagées, ou alors sous une autre forme, plus indirecte.
On pourrait dire que l’artiste engagée utilise les mots, les images, etc. à la place des armes et des coups de poing pour inciter à la révolution en évoquant l’utopie et en démontant les barbaries.
J’ai pris l’expression « artiste engagé » parce qu’il fallait bien choisir des mots qui parlent aux gens, mais ce n’est pas une profession ou un label (à présent, je regrette un peu d’ailleurs d’avoir choisi comme nom de domaine "art-engage.net", un nom plus neutre aurait été mieux).
N’empêche que je vois mal comment on peut être un artiste dans le monde actuel sans être engagé d’une manière ou d’une autre. En fait ça vaut pour n’importe quel être humain, mais c’est encore plus important à mon avis pour une artiste vu que son objectif est de tenir un « discours » sur le monde.
C’est d’abord une vocation, sinon mieux vaut bosser dans la pub ! C’est cette « société » qui nous oblige à rentrer dans les cases qu’elle a prévues : toi tu seras artiste, toi manœuvre sur les chantiers, toi bonimenteur à la télé, toi femme politique, etc. Le système économique aberrant dans lequel on vit (très mal, pour la plupart...) oblige chacun à s’incorporer dans un travail pour avoir le droit de vivre à peu près décemment, mais c’est absurde car ce type de travail (et le type d’économie capitaliste qui va avec) est très souvent destructeur des personnalités, inadapté, inutile et néfaste. Dans l’idéal, toute personne devrait pouvoir exercer de multiples activités, tout en participant à son niveau à la production des biens et services nécessaires à la satisfaction des besoins de toustes. Mais on est très loin de cette sorte d’utopie « anarcho-communiste » !
Je ne conçois pas d’abord mon travail artistique comme un métier, ça fait partie de ma vie. Je dois quand même faire en sorte d’en retirer quelque argent histoire de pouvoir vivre et continuer à créer. Je préférerais diffuser toutes mes créations gratuitement, participer par ailleurs à des activités de production égalitaires dans une "économie" de partage, et bénéficier comme chacune de moyens de subsistance suffisants, mais ce n’est pas comme ça que ça marche aux pays du capitalisme.
Il faut éviter de se laisser acheter par les sirènes de l’argent ou corrompre par l’envie immodérée de plaire au public. Quand on peut, il vaut donc mieux bien séparer les choses, d’un côté les créations commerciales à but lucratif, de l’autre les œuvres libres qui ne cherchent ni à plaire bassement ni la rentabilité.
Dans le second cas, il faut s’interdire d’édulcorer, de gommer ce qui dérange, de s’autocensurer. Mieux vaut dire ce qu’on a à dire, même quand ça nous gêne nous-mêmes, en essayant de rester clair et en améliorant toujours le propos et la forme pour atteindre la beauté. Et quand on a une belle œuvre, on peut espérer qu’elle circulera peu ou prou, même si elle est des plus dérangeante et contestataire.
Tout ça est bancal, mais je ne vois pas comment faire autrement dans la situation actuelle.
Comme tout le monde, je suppose. Quand j’ai une idée, je la note. Une des difficultés consiste à faire le tri, à choisir ce qui semble bon, et à s’y accrocher pour le mener au bout même si on a déjà eu 5 idées de plus entre temps. A présent, j’essaye de plus en plus de répondre à l’inspiration qui passe à travers moi, d’y répondre sans la déformer, en essayant par ma personnalité d’apporter un plus, un regard à part, sans m’autocensurer ni avoir peur d’aucun sujets. J’ai l’impression d’être un sorte d’écluse qui doit laisser passer un océan entier, alors je m’efforce d’ouvrir les vannes et d’augmenter le débit car il est difficile de trop élargir les portes !
Les meilleures idées naissent spontanément, dans une sorte de cristallisation instantanée, suite sans doute à l’assimilation et à l’assemblage inconscient de matériaux divers. Ce sont des éclairs fulgurants qui dévoilent une œuvre en un instant, il suffit de tirer le fil. Ensuite, le plus dur reste à faire, à savoir la mise en forme de l’idée, du scénario, par la réalisation pratique, l’écriture...
L’événement déclencheur peut être un film, une lecture, une actualité, une réflexion, un fait qu’on observe autour de soi.
Il faut accompagner l’inspiration, la nourrir, l’accueillir, mais pas la forcer.
Comme tout le monde, je glisse dans les créations des choses de ma vie ou que j’ai vues autour de moi.
J’aime beaucoup le dessin sur sable, l’écriture, le noir et blanc pur. En fait, j’aime tout ce qui est direct et épuré. J’ai essayé diverses techniques.
Avec le dessin sur sable, on dessine directement dans la matière, sans filets, et on peut transformer l’image.
Je ne me sens toujours pas très attiré par le dessin sur ordinateur, mais je trouve que le dessin vectoriel est intéressant. Ce que j’aime avec l’ordinateur, c’est la netteté, le côté réutilisable et la possibilité de corriger le dessin jusqu’à obtenir précisément la forme voulue.
J’ai fait pas mal de dessins avec crayon à papier et lavis d’encre noire, et aussi à la plume, au pinceau, au feutre, au stylo bic...
J’essaye de faire coller la technique au style de l’œuvre à créer.
Depuis 2011/2012, je m’essaie à des plus grand formats, en cherchant plus de spontanéité et de liberté.
Sinon, l’écriture c’est très bien aussi : pas de contraintes, on peut pratiquer n’importe où, et ça peut facilement se diffuser.
Je ne suis pas très l’aise avec la couleur, ni avec les dessins trop réalistes. La couleur est sans doute trop « gaie » par rapport à ce que je veux exprimer dans les œuvres critiques, peut-être pourrait-elle s’envisager dans des créations qui évoqueraient l’utopie ?
Je vise une sorte d’épure, presque une abstraction, un côté géométrique, symbolique.
Le noir et blanc est plus violent, plus agressif, plus dérangeant, c’est la rencontre de la nuit et du jour, de la nuit un soir de pleine lune.
Pourtant, depuis l’automne 2014 j’intègre la couleur dans mes tableaux pour ajouter d’autres dimensions au noir et blanc.
Les couleurs chaudes cernent les formes froides et anguleuses.
La vie vient ainsi perturber des structures humaines coercitives, hiérarchiques ou destructrices.
J’utilise la couleur de manière non figurative, comme avec le noir et blanc je veux aller à l’essentiel sans que le regard puisse être détourné par des représentations rassurantes.
Cette irréalité symbolique et volontaire vise à mieux faire voir et ressentir ce qui m’interpelle.
Je voudrais des couleurs corrosives, comme des acides qui rongent et décapent nos regards et le monde pour le mettre à nu.
Le monde dans lequel on survit n’est pas très joyeux, je ne fais que refléter la réalité et les suites probables si les données actuelles ne changent pas. Endormir les gens avec des mensonges ou des distractions superficielles ne m’intéresse pas. Je souhaite au contraire les réveiller, les soumettre à des sortes d’électrochocs qui peuvent les inciter à sortir de leur léthargie. J’essaye de jouer le rôle de catalyseur qu’ont pu jouer pour moi certaines œuvres : livres, films, BD... Mais je ne me fais pas d’illusions, la réaction ne peut marcher que si les réactifs sont déjà présents dans la tête des personnes et si elles veulent bien les laisser libres de jouer.
Cela dit, je crois en l’utopie d’une véritable société humaine, sinon à quoi bon dénoncer les barbaries actuelles ? Parfois, je parle de cette utopie plus précisément dans mes créations. Avec la critique et la démolition, il faut aussi proposer une voie de reconstruction.
Comme je le disais, je reflète simplement la violence partout présente autour de nous et en nous. Mais je ne veux pas montrer seulement les violences les plus connues, évidentes, je voudrais aussi mettre à jour les violences plus cachées, les violences sourdes qui imbibent la trame de la vie quotidienne, les rapports entre les êtres. Et je veux aussi m’attaquer aux racines de la violence, les extraire pour qu’elles crèvent à l’air libre en quelque sorte.
Il ne s’agit pas de simplement réfléter la violence, et encore moins de l’exalter (même s’il ne faut pas nier son pouvoir de fascination), mais de l’analyser froidement, de la décortiquer et de la pousser dans ses retranchements, de la dompter aussi, car la violence naît d’une énergie destructrice mue par la haine, alors qu’elle pourrait être des actes constructeurs dirigés par l’amour. Pourquoi la haine émerge-t-elle et domine-t-elle souvent ?, pourquoi les énergies inemployées deviennent destructrices ?, pourquoi les énergies sont détournées vers n’importe quoi ?, est-ce qu’on choisit la violence ou est-ce une des conséquences d’autres choix ?
La réflexion sur la violence est très importante pour moi, et cette analyse est liée à celle de l’amour.
Il ne faut pas détruire l’énergie et la tension par la lobotomisation, la prison ou les cachets, il ne faut pas en avoir peur, il faudrait que cette énergie et ces tensions internes soient utilisées pour d’autres fins que celles de nuire à autrui et à soi-même. Ce qui implique une révolution non-violente et la découverte d’une utopie possible.
Tout à fait. Je suis particulièrement sensible aux violences exercées contre les êtres sans défense, à commencer par les animaux. La plupart du temps, les animaux subissent de la violence à l’état « pur », qui n’a en plus aucune « justification » (que ce soit sur un plan scientifique, nutritionnel, médical...). Qu’on songe par exemple au simple fait que les humains élèvent des animaux dans des conditions effroyables et les mettent à mort ensuite pour les manger alors qu’ils n’en ont aucunement besoin. C’est monstrueux, il n’y a pas de mots pour décrire ça.
Dans la violence que beaucoup d’humains exercent sur les animaux, directement ou indirectement, ils se révèlent, ils se lâchent, on peut observer avec effroi toute l’étendue de leur sadisme, de leur insensibilité crasse, de leur cruauté sans limite et du vide de leurs têtes. Contrairement aux guerres conventionnelles que l’on essaie de justifier et limiter, il n’y a plus de masques, ils sont à nu, leur violence est à nu quand ils mettent à vif les chairs animales.
Mais il n’y a pas que les animaux bien entendu, les humains font déjà subir d’innombrables horreurs à leurs congénères, de manière structurelle ou conjoncturelle : torture, misère, viol...
Disons que je m’intéresse à la fois aux situations extrêmes : les abattoirs ou la chasse pour ce qui concerne les animaux, la guerre (une autre forme d’abattoir) pour ce qui concerne les humains, et aux situations ordinaires de la vie quotidienne : les exploitations et dominations dans la famille ou le travail... Il y a un lien permanent entre ces deux pôles de la violence. Ils se préparent et se renforcent mutuellement.
Les monstres sanguinaires ne naissent pas en un jour, les occasions et les événements extraordinaires comme une guerre ou un génocide les révèlent, mais ils étaient déjà présents et actifs dans la vie ordinaire avec les moyens à leur disposition que leur laissent l’Etat, le capitalisme, la structure familiale... Et puis, ceux qu’on nomme « monstres inhumains » (tel assassin particulièrement barbare ou tel dictateur très impitoyable) pour se rassurer sont en fait des humains comme les autres, qui cristallisent et caricaturent les violences ordinaires des gens comme il faut.
Pour finir sur ce sujet, j’ajouterai que je m’intéresse aussi aux liens entre individu et collectif, aux influences de l’un sur l’autre, pour essayer entre autres de montrer les parts de responsabilité de l’individu et de la collectivité dans les processus de violence. A mon avis, dans nos systèmes, les deux sont responsables, à des degrés divers, même si l’individu prime puisque c’est la somme des individus qui a créé la structure collective.
Ni l’une ni l’autre. J’essaie de refuser d’être une femme ou un homme, je veux être un être humain à part entière, pas une moitié d’humain, pas une sorte de caricature qui recopie les habitudes de séparation réductives polarisées par des genres (voir par exemple le poème Ni blanche ni noir), les couleurs de peau (racisme) ou les espèces (spécisme).
Sur un plan biologique, je suis un mâle tout ce qu’il y a de plus standard, mais je ne veux plus être un homme, ni une femme non plus, que ce soit dans ma tête, dans mes activités ou dans mes relations. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je sois libéré de tous les stéréotypes culturels du genre homme...
Notre identité humaine est bien plus complexe que ces catégorisations stupides homme/femme, homo/hétéro, etc. On devrait se moquer complètement de savoir si une personne à une verge ou un vagin, des grands pieds ou les cheveux noirs, c’est comparable à la couleur de la peau : sans importance particulière, juste des éléments d’une personne unique, évolutive et complexe.
Cette mutilation criminelle, qui oblige chacune à choisir son « camp » depuis l’enfance, avec la force implacable du langage et de la pression sociale (famille, école, médias..), est un genre de violence grave et pernicieuse, et c’est une des racines qui favorise la violence sociale générale. Et à l’origine de tout ça il y a l’archaïque système de la domination patriarcale, où les rôles des filles et garçons sont cadrés par la propriété et l’héritage, et où les filles ont un statut inférieur.
C’est aussi pourquoi ce sujet me passionne. J’ai donc choisi d’afficher cette ambivalence et ce refus dans mon pseudo. D’autre part, ça m’a permis d’évacuer mon nom de famille au passage, auquel je ne tiens pas.
Sans doute, mais je considère que c’est aussi une qualité, une manière d’atteindre directement les choses. Je m’efforce (et de toute façon ça se fait spontanément) d’avoir une vision naïve des choses, comme un extra-terrestre ou un enfant qui débarqueraient sur Terre.
D’ailleurs, je suis une extra-terrestre !
Par tous les moyens ! J’ai décidé en 2003 de créer ce site web qui expose pratiquement toutes mes œuvres, sans faire vraiment de tri. Les internautes jugeront. Ce serait dommage que tout ça dorme dans des cartons ! ;-) L’objectif est d’utiliser internet pour arriver à toucher directement un certain public, celui que ça peut intéresser.
La plupart des créations seront en accès libre, avec reproduction autorisée pour des utilisations à but non commercial. Mais je compte aussi tester d’autres systèmes : dons, reproductions payantes, abonnements, vendre des recueils sous forme électronique et/ou sur papier.
Si je sens que des trucs peuvent être édités par un éditeur pro, j’essaierai aussi si les conditions sont satisfaisantes, mais pour l’instant je n’y crois pas trop.
Parfois, j’irai dans des festivals, des expositions, je présenterai des oeuvres à des concours.
Par le passé, j’avais tenté de vendre des recueils photocopiés dans la rue, j’ai aussi participé à des fanzines amateurs. Avec internet, on peut toucher précisément les publics potentiellement intéressés, de manière beaucoup plus large et avec moins de frais. Seulement, c’est souvent très anonyme, avec l’impression d’aucune conséquence réelle.
Ce que je voudrais, c’est atteindre une certaine « qualité », de manière à pouvoir franchir les obstacles liés au système et aux sujets que j’aborde.
Jusqu’en 2015, je m’y refusais, pour plusieurs raisons :
Je préfère vendre des reproductions. Heureusement, des dessins, films ou textes sont reproductibles ; je serais plus embêté si j’étais sculpteure...
Je tenterai sans doute un de ces jours de proposer l’achat de livres d’art à la commande.
En attendant, consultez ma petite boutique.
A présent, je vois que mes tableaux s’empilent dans une armoire..., et je me dis pourquoi pas tenter d’en vendre certains ?
Ca ne me plaît pas du tout, mais j’ai mis des prix sur une galerie online à certaines de mes créations.
Quand je ferai des expositions, je verrai au coup par coup.
Je préfère ne pas trop en parler. Toujours des brouillons de textes qui traînent. Sinon, j’ai des projets de films d’animation en sable, et puis toujours des idées de dessins et de tableaux....
J’avais aussi un projet interactif, un genre de film-jeu sur la condition animale et la violence en général, mais c’est un énorme travail, et là j’aurai sans doute besoin de collaborations...
En 2015, j’ai envie de récits plus étoffés, de longs métrages.
En fait, j’ai réalisé des films d’animation à plusieurs, de 1994 à 1998, des courts-métrages faits dans une MJC, ça se passait très bien. J’aime bien travailler seul, mais créer à plusieurs peut me plaire aussi. Il suffit de trouver les bonnes personnes et des projets adéquats.
J’ai pu participer, avec le dessin sur sable, à des pièces de théâtre et à des opéras, c’était très intéressant et ça c’est très bien passé.
En 2012 j’ai eu envie de trouver/créer d’un genre de collectif d’artistes "engagés", qui pourraient mettre en commun leurs moyens et expériences, pour créer des œuvres à plusieurs, diffuser des recueils collectifs, organiser des expositions... Ca pourrait prendre la forme d’une association ou être plus informel, à voir. Ca pourrait être stimulant, ouvrir sur d’autres horizons, d’autres diffusions...
En 2013, voici une tentative dans ce sens avec RevolEmotion, qui a avortée.
Pour la suite, j’aimerais bien peindre et dessiner dans un atelier avec un collectif d’artistes, avec une émulation et parfois des projets collectifs, engagés forcément.
– Ce site a démarré en 2003
– Pour des infos concernant mes projets en cours, voir la rubrique Mes Actualités
– Voir aussi une interview de février 2014 pour le webzine Zone-61