Voilà un chanteur engagé. Comme vous n’en avez jamais rencontré ou écouté ! Allez le voir !, C’est trop grand, simplement !

Bien connu des jeunes gens des quartiers sud de N’Djamena, de Dembé à Moursal, de Sabangali à Chagwa, Kaar Kaas Sonn, « l’enfant qui connaît » est fils du fleuve au bord duquel il a grandi. Cette onde où il s’est baigné l’a endurci aux réalités d’un pays aimé-haï. Le flow qui en est surgi, aigre-doux, dur, servi par une voix douce et trompeuse n’est pas à mettre dans toutes les oreilles. Sans indulgence pour les prédateurs qui corrompent son pays, il leur taille des croupières qui font la joie des radios de la capitale.
Banana Nangjere au Tchad, le voici émigré en France, découvrant une condition à laquelle il n’aspirait pas. Loin des amis musiciens qui l’accompagnaient, KKS reprend tout à zéro et achète sa première guitare, il a 29 ans. Entre le DEA qu’il prépare à Genève et le petit boulot qui le fait vivre, il joue, joue, joue et compose les nouvelles chansons que la vieille Europe lui inspire. De ce travail est né son album Tacatacatacatacata … une petite musique de kalachnikov, celle du septembre noir où il a failli perdre la vie et de toutes ces fois où l’on s’oublie à perdre son temps et sa conscience.
Et puis ce n’est pas le consensus qui règne là, un chat est un chat et une chatte une chatte, à bon entendeur.

Voilà un tchadien pas commode, pas gentil, pas méchant, pas violent, pas consensuel.

Parti du rap, son style s’affirme en chansons à textes. Plus proche de Keziah Jones que de Brassens qu’il vénère, il offre un cocktail de divers styles musicaux sur lequel coule un langage critique et intelligent et une bonne dose d’ironie. Poussant parfois la provocation à l’extrême, Kaar Kaas Sonn joue de la langue de Molière comme d’une arme de destruction missive.
Préférant l’acoustique, il s’accompagne de sa guitare avec laquelle il fait faire un voyage musical entre éveil et sommeil dans la profondeur de ses textes.

Sur scène, Kaar Kaas Sonn c’est une voix. Des textes. Un charisme. Une présence. De la tendresse. Mais aussi de la colère.

Kaar Kaas Sonn vient de sortir un disque de quinze titres