Au total, j’ai assisté à 27 séances !, à la fin, c’était un peu la saturation, mais j’ai pu voir des choses très variées, du très bon et du moins bon, du plat et du carrément nul.
Les programmes que j’ai le plus appréciés sont :
- le documentaire Magia Russica
- les programmes de courts-métrages en compétition numéro 4 et 5
- les deux programmes de films Politiquement incorrects
- le programme avec 3 films de Frédéric Back
- et aussi le programme spécial sur l’holocauste
Evidemment, peu de films ont de la profondeur, de l’étrangeté, du sens, un côté dérangeant, la plupart sont superficiels et creux, des produits à consommer sur place, mais on arrive quand même à dégotter de bonnes choses sur le lot.
Les longs métrages
J’ai pu voir 3 des longs métrages en compétition + Appleseed en avant-première.
– Terkel in trouble de Stefan Fjeldmark, Thorbjorn Christoffersen, Kresten Vestbjerg Andersen
L’histoire d’un ado un peu opprimé et parano, il y a parfois du bon humour noir, mais ça ne décolle pas trop et je n’aime pas le style graphique.
– Frank and Wendy de Priit Tender, Ulo Pikkov, Kaspar jancis
Des sketchs absurdes avec des dessins moches. Parfois des détails marrants et de bonnes pointes ironiques, mais au total c’est long, lourd, répétitif, et « foutage de gueule ». Je regrette de ne pas être parti avant la fin...
– Nyocer (The district) de Aron Gauder
J’ai bien aimé le style graphique même si l’animation des personnages est raide, au niveau du scénario rien d’original, quelques pointes satiriques épicent un peu la chose.
– Appleseed de Shinji Aramaki
Alors là, c’est carrément nul, rien à en tirer, même pas au niveau des scènes d’action. Rien à voir avec Ghost in the shell, c’est aussi en dessous de « Wonderful days ». Au niveau visuel, rien d’original, des robots lisses et des fifilles et garçons style top modèles, dans Wonderful days il y avait au moins une certaine beauté dans la forme. Dans Appleseed, les personnages et les dialogues sont stéréotypés et ridicules, y a des trucs pas crédibles, le scénario est ampoulé et déjà vu. Je suis parti avant la fin. On espère que les suites prévues ne verront pas le jour, inutile de poursuivre dans cette voie catastrophique.
Conclusion : l’année prochaine (si je suis sur le festival...) j’éviterai les longs métrages sauf si une personne de confiance qui l’a vu m’atteste auparavant de la qualité.
Les courts métrages en compétition
Voici les courts métrages d’animation que j’ai aimés (avec les titres originaux) à des titres divers :
- Une histoire vertébrale de Jérémy Clapin
- Notice de Roelof Van den Bergh
- Cada dia paso por aqui de Raul Arroyo
- The Moon and the Son : An Imagined Conversation de John Canemaker
- Fliegenpfilcht Für Quadrat Köpfe de Stephan-Flint Müller
- Godmother’s Present de Ekaterina Mikhaylova
- Louise de Anita Lebeau
- Le couloir de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli
- The old Crocodile de Koji Ymamura
- City Paradise de Gaëlle Denis
- Morir de amor de Gil Alkabetz
- Imago de Cédric Babouche
- Milch de Igor Kovalyov
- Chahut de Gilles Cuvelier
- Fallen de Peter Kaboth
- Electronic Performers de Arnaud Ganzerli, Laurent Bourdoiseau, Jérôme Blanquet
- L’éléphant et les quatre aveugles de Vladimir Petkevitch
- The Mystérious Geographic Explorations of Jasper Morello de Anthony Lucas
- A buck’s Worth de Tatia Rosenthal
Mes préférés seraient :
- Le couloir J’aime toujours ce style de dessins, et l’histoire change des blagues à deux balles, dommage que la fin soit un peu décevante, on attend plus
- Morir de amor Très drôle, très bien animé
- Imago de Cédric Babouche. Très belles images, mais histoire trop « classique » (clichés) de la nostalgie enfantine
- Milch Original, inquiétant, à revoir pour mieux comprendre ou au contraire pour se laisser porter sans chercher à comprendre ?
- Chahut Très bien fait, histoire originale et ambiance « poétique », sans doute à revoir pour mieux saisir
- Electronic Performers D’habitude je n’aime pas ce genre, mais c’est très bien fait et on décèle un sens, une sorte de pulsation vitale
- L’éléphant et les quatre aveugles Très grande maîtrise du dessin sur sable, très belles images
- The Mystérious Geographic Explorations of Jasper Morello J’aime bien ce noir et blanc et l’histoire d’aventure est pas mal
S’il fallait choisir, pour le Cristal d’Annecy, je mettrais L’éléphant et les autre aveugles, mais ce n’est pas objectif vu que j’utilise la même technique d’animation !
Je constate que je ne suis pas trop d’accord avec le jury !
Pour le prix du premier film, j’aurai plutôt mis « Chahut », parce que je trouve que « Puleng » n’a rien d’extraordinaire...
Le prix du public pour « Fliegenpfilcht Für Quadrat Köpfe », pourquoi pas (mais drôle d’idée de lui mettre une mention spéciale !), il y avait de l’invention, mais « Morir de amor » aurait été mieux ou même « Louise » (qui a eu un prix du jury junior).
Ok pour que « The Mystérious Geographic Explorations of Jasper Morello » ait un prix, mais je l’aurai plutôt mis en prix spécial ou mention.
On aurait pu avoir une mention pour « Milch » et « Le couloir ».
Sinon, concernant les autres prix, dommage que les mêmes films aient plusieurs prix, mieux vaudrait plus de diversité, et puis quelle idée de donner un prix à « Vent » (Prix Fipresci) ?!
Bon, il y a eu quand même quelques films intéressants sur les 5 programmes de courts en compétition, pas que des choses de pure forme et superficielles, mais c’est dans les programmes hors compétition (les deux programmes « Politiquement incorrect » et le programme sur l’holocauste) que j’ai trouvé les films les plus marquants.
Les films de fin d’étude en compétition
Voici ceux que j’ai appréciés à des titres divers (je n’ai pas vu le programme 3), mes préférés sont en gras :
- True Friends de Jelle de Beule, drôle sur le coup, mais superficiel
- The demon de Shin Hosokawa, très bien fait, très belles animations d’eau
- Tango sur scie de Caroline Attia, pas mal du tout, la parano d’un gosse
- Amfraid de Anne-Sophie Bertrand et Thibaut Debeurme, bonne ambiance Inquiétante... dans une étrange maison
- My Grandmother de Luis Zamora Pueyo. Un peu long, mais pas mal
- Elle de Lucile Huang Hua Kun, Amaury Dhennin, Christophe Parelon. Bonne petite ambiance oppressante dans une maison hantée ( ?)
- Vent de sel de Agathe Servouze. Bien fait, histoire poétique
- Une douce illusion de Claude Weiss. J’aime beaucoup le style, et l’histoire est intéressante, un rêve de liberté dans une ville fléchée...
- 9 de Shane Acker. Très bien fait, personnages originaux, histoire intéressante qui va plus loin qu’une simple course poursuite
- Workin’Progress de Gabriel Garcia, Benjamin, Fligans, Geordie Wandendaele, Benjamin Flinois. Bon rythme
- Lloyd in the corner de Nicholas Losse. Une forme originale
- Have a Seat ? de Adithya Kote, Sameer Tawde. De la bonne pixillation, avec des têtes pas possibles !
- Les oreilles n’ont pas de paupières de Etienne Chaillou. Un film très fort sur les camps de concentration, construit d’une manière originale
- La migration Bigouden de Eric Castaing, Alexandre, Heboyan, Fafah Togora. Une bonne animation pour une histoire poétique
- Brand Spanking de John-Paul Harrey. Très drôle, avec une bonne petite satire de la marchandisation de l’école
Bref, ça fait quand même pas mal de films intéressants.
Pour ce qui est des prix, je suis assez d’accord avec le jury pour « 9 » et « Overtime » (que j’avais déjà vu ailleurs), mais pour la mention spéciale, j’aurais plutôt mis « Les oreilles n’ont pas de paupières », « Une douce illusion » ou « Tango sur scie ».
Les autres programmes en compétition
– Les films pour l’internet : pratiquement tout était nul, à part « La vie avec un brin de folie » du Groupe Kiwistiti (Annie Frenette), « Fleeced » de David Winn, et aussi « Si tu n’étais pas là » de Mattia Francesco Laviosa (sur le mélange des sexes et des genres). Conclusion, je n’irai plus voir ce type de programme dorénavant.
Pour « Long Distance Relationship » qui a eu le prix, je ne peux rien en dire vu que je n’ai pas compris les dialogues en anglais, et vu que le film reposait dessus...
– D’expérience, j’ai évité les films pour la télévision...
– Dans le programme des films de commande j’ai trouvé quelques bons trucs (je ne sais plus lesquels car je n’ai rien noté !), mais je crois que j’éviterai aussi ce genre de programme. En tout cas, celui qui a eu le prix du meilleur vidéoclip, « Badly Drawn Boy « Year of the Rat » » était sympa, un côté peace and love rafraîchissant.
Les programmes spéciaux
– Les deux programmes Politiquement incorrect Je n’ai surtout pas raté ces deux séances : pratiquement que des bons films !
Pour le programme 1, j’ai retenu tout particulièrement :
- Istruzioni per l’uso de Guido Manuli. Une vision très juste de l’économie qui chie sur tout
- Britannia de Joanna Quinn. Une satire très bien faite de l’Angleterre et de ses élans colonialistes avec un molosse transformiste et repoussant
- Média de Pavel Koutsky. Une critique des médias qui bourrent la tête des gens
- Leunig « How Democracy Acutally Works de Andrew Home. Une pique très cinglante contre les pseudo-démocraties, votez-toujours...
- No limits de Heidi Wittlinger. Contre l’esclavage des enfants, très bien fait
- Racism de Darragh O’Connel. De l’ironie contre le racisme par le biais d’une parodie d’émission tv
- Babylon de David Sproxton. Sur les marchands d’arme qui dévorent le monde. Très bien fait, une ambiance oppressante et des discours qui font froid dans le dos.
Pour le programme 2, je n’ai pas pris de notes, mais il y avait aussi beaucoup de bons films, comme :
– Under Bältet de Johan Sonestedt. Une critique des médias et du bourrage de crâne de la télévision avec des images frappantes.
J’aurai volontiers dégusté d’autres programmes du même type !
– Les programmes de films canadiens Le Canada était à l’honneur, avec plusieurs programmes spéciaux :
– « Si jeunes et déjà classiques » : un bon programme, avec notamment : « la faim » de Peter Foldes, « The Bead Game » de Ishu Patel, « Le payssagiste » de Jacques Drouin, « Every Child » de Eugene Fedorenko, « The Metamorphosis of Mr. Samsa » de Caroline Leaf, « Ame noire » de Martine Chartrand.
– « La Cinémathèque québécoise », je n’ai vu que le programme n°1, il était bof, bof, des vieux trucs pour un intérêt archéologique.
– « L’animation canadienne indépendante N°1 et 2 » : j’ai été très déçu par ces deux programmes, je m’attendais à de bons films, mais ce n’était pas du tout le cas à mon goût. Pour le programme 1, j’ai retenu quand même : « Linear Dreams » de Richard Reeves, « A loss of Character » de Al Sens, « Oïo » de Simon Goulet » (une animation époustouflante de peinture projetée dans les airs). Pour le programme 2 je suis parti avant la fin !, on avait souvent des espèces de trucs « abstraits », indigestes, moches, du mauvais « art contemporain » ! J’ai retenu « The Stone of Folly » de Jesse Rosensweet.
– « L’ONF au présent » : c’était pas mal, mais je n’ai pas pris de notes... Il y avait l’incontournable Ryan dans le lot.
– « Frédérik Back ou l’impressionnisme animé » : figurez-vous que je n’avais pas vu ces 3 films superbes : « L’homme qui plantait des arbres », « Crac » et « Le fleuve aux grandes eaux », alors je me suis précipité à la séance. « L’homme qui plantait des arbres » est vraiment un chef d’œuvre !
– Magia Russica de Yonathan et Masha Zur : un superbe documentaire très intéressant sur les pionniers de l’animation russe, avec des réflexions sur l’essentiel. Ils se rendent compte qu’il y finalement plus de censure et de contraintes avec le capitalisme que du temps de l’URSS (à l’époque ils avait eu la chance de bénéficier d’une grande liberté). On est loin des débilités superficielles et des pures abstractions contemporaines qui n’offrent aucune émotion.
– L’Animation citoyenne : l’holocauste » : ce programme était très intéressant, les films étaient bien et originaux, à part « Jude » qui faisait mal aux yeux et était trop long de ce fait. Voici les titres des films :
- Les oreilles n’ont pas de paupières de Etienne Chaillou, forme originale
- Meine Heimatstadt de Gili Dolev
- Jude de Drew Kausner
- Apel de Ryszard Czekala, très fort
- Silence de Sylvie Bringas et Orly Yadin
- Ligne de vie de Serge Avédikian
- A special letter du canada
- Onder de wassedne maan
– Avoid Eye Contact Vol. 2 : un programme underground des fous d’animation de New York présenté par Bill Plympton hymself. J’ai été un peu déçu, mais il y avait quand même quelques bons trucs.
– Courts métrages en panoram N°3 : plutôt moyen, j’ai retenu :
- Viaje a Marte de Juan Pablo Zaramella. « Conte pour enfants sympathique
- KaBoom ! de Sam Welch. Une satire drôle de la guerre
- A dama da Lapa de Joana Toste. Une version accélérée et satirique des contes de fées
- Appeal de Asteria Setiono. Très bon, satire de la dictature de la minceur
– Exposition à Bonlieu : J’ai pu découvrir 4 films réalisés avec une technique intéressante (produits par l’ONF), le système SANDDE, une technologie novatrice de dessin d’animation en 3D réalisé à la main. Le résultat ressemble au dessin sur papier, l’avantage est que l’animateur dessine dans l’espace à main levée, à l’aide d’une baguette magnétique. Un ordinateur capte les dessins et génère des images stéroscopiques.
C’est prometteur, car il semble que ce système permette de s’affranchir un peu de la complexité informatique actuelle, mais faudra sans doute attendre quelques années avant que ça se démocratise et que ça sorte des laboratoires...
Quelques liens sur la question :