Pas une ombre
pas une trace
éclairés de tous côtés
on disparaît vers nulle part
dans la lumière noirePas un coin d’ombre
où se lover
à l’abri des regards
pas une clarté
où s’envoler
sur une pluie de soleilLe rutilant mobilier de gare
se répand le long des quais, sécurisés
les machines dressées, immobiles
nous guettent en silence
au moindre faux mouvement
le processus fatal est enclenché
elles nous entraînent dans la danse
des valises à roulettes
et des silhouettes transparentes
la transe des humains machiniques
et des malles à partir
la transhumance des bipèdes pachydermiques
et des sacs vides de malices
pleins de rien du tout
de petits riens
qui forment un grand trou
une tombe vite creusée
au couvercle prêt à tomberVoyager pour acheter au meilleur prix
voir qu’ailleurs c’est pareil qu’ici
et se vendre sans faire un pliMoi je préfère attendre, immobile
sans un bruit inutile
ne pas suivre un seul mouvement de foule
et guetter le moment propice
pour exécuter mes lourdes valises
et quelques légers pas de danseLe sol brillant est si lisse
sans un bruit je glisse
hors du hall bruyant
vers la sortie des vivants.