Les deux amoureux se bécotent sur les marches en béton. Devant eux s’étale dans la nuit le petit lac cerné d’arbres bruissants. Des lumières bleues et rouges scintillent à la surface de l’onde.
Entre deux bouchées de frites grasses et trop salées, ils se disent des « je t’aime » de cinéma. Leurs langues récurées par le soda trop sucré se touchent maladroitement à l’intérieur de leurs bouches aux dents déjà bien abîmées.
L’eau noire du lac clapote doucement contre le mur au rythme du dernier tube pop diffusé par le haut-parleur situé au dessus de leurs têtes. Elle est chargée de bouteilles en plastiques, de canettes vides, d’emballages multicolores, de poissons crevés par asphyxie ; et des canards obèses ayant abusés du pain industriel chient dedans toute la journée.
Les deux amoureux coiffés d’oreilles de Mickey sont aux anges, ravis de s’offrir une belle orgie de consommation dans un grand temple du rêve en boites.
L’ennui, c’est qu’ils sont des millions comme eux, et en plus ils se reproduisent… !