Chaussures de luxe imitation sport avec bandes en biais pour faire plus dynamique, gainée de bas maillés dans le style pute, piercée du nez et du trou de balle, elle tapote sur son clavier portable à fond la malle. Sac de cuir de marque forcément connue et mobile à tout faire à portée de main, elle est le pur produit de demain, une battante insensée bien sanglée dans son string sans coutures, dilettante à toute heure, nomade de sa vie simulée minutée par des sonneries téléchargées, monade azimutée toujours en avance d’une connerie technologique ou d’une mode de lingerie fine. Tellement libérée qu’elle flotte dans l’air parfumé climatisé, inconsistante, inconsciente, son corps n’est plus qu’une vague émanation, un pet de processeur qui se lâche entre deux calculs à 10 Ghtz, une fragrance de chiotte aseptisé. Pas d’émotions non contrôlées qui pourraient fissurer son vernis, pas de larmes qui pourraient tâcher ses yeux lisses et caméras, pas un sourire qui risquerait de fendre son rouge à lèvre ultra-brillant parfum cerise OGM, pas une âme pour adoucir son costume formaté dûment repassé.
Une sculpture de vent, qui s’écroulera comme une baudruche au moindre accroc dans sa carrière éclair sur Terre.
Triste à mourir sous sa gaieté de magazine, pauvre et perdue malgré sa quête éperdue de richesses temporaires, elle n’est plus rien, je l’ai déjà oubliée, je préfère encore regarder les paysages industriels et les banlieues résidentielles qui défilent en boucles de films déjà vus derrière les vitres du train.