Etrange assemblée
de silhouettes noires espacées
accroupies
au bord de l’eau qui dort
comme assoupies
au-dessus de l’eau qui mord
tout autour de la mare
ombres grises
interdites
réfléchies entre nénuphars
forêt de lignes noires
plongées dans le bouillon putride
d’une réflexion liquideVagues corps raidis par le froid
gisant debout sur leurs os
transis
guettant leur proie
entre deux eaux
là où des êtres ondulent
incertains
entre deux pendulesAu cœur de l’eau de vie
la mort attend sans heurts
corbeau soûl et bien nourri
elle a le choix de ses enviesDes fantômes anthracites
les lignes se balancent à foison
pour disparaître au centre de l’ondeAttente tacite
immobiles des heures
puis le fil se tend et une vie se rompt
un être fend l’air
pour un monde qui ment quand il respire
nu comme un ver
un crochet en travers de la gorge
pour un cri qui ne passe pas
sa bouche se déchire
et sa chair éclate sur les pierres
lent étouffement d’agonie
lèvres en sang et yeux ouverts
contre quelques bulles de plaisir
dans un océan d’ennui
où les corps noyés
tentent encore de prendre leur piedLes ombres installent leur empire
au bout d’une éternité de souffrance
les cloches sonnent à la nuit
les silhouettes cruelles
rentrent griffes et duels
pour piétiner les flaques
avec, dans un seau rance,
les cadavres flasques de leur journée
qui gouttent sur leurs pieds gelésL’eau tremble encore des crimes commis
agitée d’effroi et de gestes inassouvis
elle attend les caresses de lune pour oublierLes ombres s’assemblent pour tuer le jour
et disparaissent entre les arbres gourds
témoins silencieux d’un jour mal rempli.