Je suis triste de tant de vies quittées à peine saisieslourde de mondes portés et toujours avortéslasse d’amours perdus à peine effleurésje suis plantée là, comme un arbre sans pluie dans un désert sans pliPourtant, je pousse légère dans un souffle de viesi gourde des coups même pas donnéstrans percée de regards croisés si vite aveuglésfatiguée de tout ce temps dépensé où rien n’est dépassémurée par les briques de tant de pensées hostilesPourtant, je m’envole des pierres au premier baiser de pétaleclouée sur place par les flèches de l’inertie généraledécharnée par les vents d’illusion et les soleils électriquesgrillée par les ondes cathodiques si peu érectilesJ’avance pourtant, méthodique, mutiqueenflammée par l’air brûlant chargé de crimes volatilescahotique, erratique, ma torche dansera encore sur le noir macadampour marquer les peaux au coeur encore sensibleet des flammes érotiques vous lècheront jusqu’au bord de l’âme.