Naufragé du couvre-feux

Poème court sous état d’urgence permanent

22h30, je m’extirpe de l’apéro prolongé
Marre du vacarme, envie d’être seul
L’escalier tangue et les rues sont désertes
Le feu est couvert, d’un voile très mince
Qu’on aimerait plus inflammable
La rue vide fuit de biais
En sens inverse du mien
Mêmes les chats restent sages
Tandis que les humains restent images
La nuit étant lardée de bleu
Je prends des couloirs secrets
Les lampadaires éclairent l’asphalte immobile
Les enseignes commerciales tremblottent
Le silence étouffe les corps enfermés
Les caméras pendues guettent les fantômes
Même les voitures sont mortes
Elle gisent là inutiles, ridicules
Des passages perdus éclatent sous mes pas
Les murs propres dispaissent dans le noir
Seule la rivière semble vivre encore
La nuit, tous les lotissements sont gris
La répétition du même me donne le tourni
Un haut le coeur me soulève
D’un coup je crache un jeyser de bile acide
Je vomi mes restes sur la vitrine d’une banque
La vitre fume et fond comme glace au soleil
Pas grave, ils n’ont pas encore mon ADN.

Février 2021

Naufragé du couvre-feux
(source image france bleu)

> Thèmes :  Absurde - Liberté - Noir - Prison
12 novembre 2021 - Màj Octobre 2021
 
Home / Mes Textes / Poèmes / Naufragé du couvre-feux
David.Myriam : : Artiste : Exposition de créations engagées : nouvelles, poèmes, dessins noir et blanc, films d'animation, dessin sur sable, BD...
David MyriamAdresse auteure :: https://art-engage.net
Print    Version normale