J’ai voulu créer (ou plutôt faire créer par plus doué, infiniment plus doué que moi) ce site parce que je n’aime pas Internet, ce prétendu outil de communication qui empêche toute vraie communication : ainsi ai-je voulu dynamiter le monstre de l’intérieur, en l’infiltrant : tel est le seul gage de succès de toute entreprise de démolition. Détester Internet : il n’y a peut-être pas d’autre discours plus subversif de nos jours, en ces temps de dictature molle et de consensus navrant. Il me faudrait d’ailleurs ajouter, pour achever les dépendants de la e-dictature : j’aime détester Internet.

J’écris depuis toujours et je sais qu’il y a d’autres façons de "communiquer" que dans un support comme le Web, et je n’espère qu’une chose en définitive en lançant ce site : que chacun abandonne sa connexion et prenne une feuille de papier et un stylo, et se mette à écrire – ou à lire. Même si je sais pertinemment que jamais le but ne sera atteint, ce serait pour moi le couronnement de mon projet : lancer un site pour le voir, à terme, s’effondrer, en emmenant avec lui tous les autres traitant du même thème : l’ECRITURE.

De la même paradoxale manière, j’ai créé ce site poétique et littéraire pour tous ceux qui n’aiment pas la poésie ni la littérature, du moins telles qu’elles sont présentées en général, c’est-à-dire avec toutes les nuances de l’académisme boursouflé (pour la littérature) ou de la niaiserie pure et simple (pour la poésie) – allez faire un tour chez la plupart de mes "confrères" et vous comprendrez mon propos ; il faut réinventer la poésie, et pour cela, la pulvériser et en recueillir les morceaux qui tombent, mais avec amour, exigence et refus de la moindre complaisance. Il faut secouer la littérature officielle pour lui faire perdre cette odeur de naphtaline et de poussière sur les meubles qu’elle traîne depuis déjà trop longtemps. Il y a d’autres façons d’écrire, de nos jours, qu’en essayant tant bien que mal d’imiter Paul Eluard ou Anatole France ; si mon projet vous intéresse, ne perdez pas de temps : entrez ! Pour les autres, qu’ils restent bien tranquillement blottis dans leur certitude et ne me fassent pas perdre mon temps en gaspillant le leur…