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Mai 2004
Màj Juin 2004
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Industrie écologique : la guerre aux pollens.

Dépêche livrée par notre correspondant spécial au ministère de l’industrie écologique

Comme vous le savez, les différentes sortes de pollens qui se déversent dans l’air au printemps créent chaque année des troubles de santé importants dans la population. Les heures d’arrêt de travail, les consultations médicales à répétition, les traitements compliqués et longs... engendrent des frais considérables et une perte de productivité conséquente pendant plusieurs mois, ce qui met à mal notre compétitivité mondiale. Ces pollens peuvent parcourir une centaine de kilomètres au gré des vents, et il est impossible de les arrêter par les moyens conventionnels.

Aussi, notre éminente ministre de l’industrie écologique, en consultation avec la ministre de la santé sociale, a trouvé une solution miracle et radicale pour en finir avec ce fléau destructeur de PIB. Il s’agit tout simplement d’éradiquer toute végétation productrice de pollens, à savoir les fleurs et les arbres, dans un rayon de 100 kilomètres autour de chaque agglomération. Ce qui équivaut bien évidemment à détruire pratiquement toute végétation sur tout le territoire.
Aux esprits chagrins qui s’inquiètent du fait que les produits de l’agriculture seront aussi touchés, notre ministre rétorque que tous les plants utilisés par l’agriculture peuvent facilement être modifiés grâce à l’ingénierie génétique pour qu’ils ne produisent plus de pollens, ou alors seulement des pollens hypoallergéniques. De plus, des espaces considérables seront libérés pour l’industrie agricole, ce qui n’est pas négligeable en ces temps de pénurie mondiale d’aliments pour bétail. La France pourra redevenir leader dans les exportations de denrées alimentaires. Qu’on songe aussi aux énormes futurs besoins en bio-carburants quand les réserves de pétrole seront épuisées. Il faut anticiper le marché si on veut obtenir les premières places.

Le chantier est immense, et les perspectives pour nos entreprises écologiques nationales le sont aussi. C’est un défi que le pays ne pourra relever qu’avec le concours actif de tous nos concitoyens. Certains romantiques attardés s’indigneront du fait que la nature sera complètement transformée. Et alors, la nature est faite pour évoluer non ? Le monde avance, il faut bouger avec lui. D’autre part, le béton et les matières plastiques dernier cri remplaceront avantageusement ces plantes envahissantes qui causent tant de soucis. Et puis ces plantes archaïques seront remplacées par de nouvelles variétés, sélectionnées pour leurs qualités exceptionnelles (productives ou ornementales) et plantées aux endroits stratégiques (parcours santé, écoles, fermes pédagogiques...).
Que de perspectives pour les industries chimiques, les entreprises de biotechnologies et les chercheurs ! Les répercussions positives de ce projet pharaonique sont innombrables. L’écologie fera un grand bond en avant, la France retrouvera sa place légitime à la tête du progrès mondial. Ce sera à coup sûr le retour durable de la croissance pour tout le pays, l’ensemble de l’économie sera boostée. Ce sera la fin du chômage, nous aurons besoin de beaucoup de bras pour arracher les plants actuels et replanter des OGM sans pollens.

A titre expérimental, ce programme est en cours d’application dans une zone tenue secrète du Massif central. L’expérimentation couvre une zone de 30 kilomètres de diamètre. Dès les premiers résultats connus, et nous savons qu’ils seront positifs, nous lancerons cette rénovation écologique en grand, en commençant par l’agglomération des principales villes du pays.
Pour une France libre, productive et en bonne santé !

Chroniques de l’absurde

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David Myriam, Artiste, art-engage.net